11/10/2013

So what?



Travailler vient du latin tripaliare, contraindre, le tripalium étant lui-même  un instrument de torture. Alors quoi de plus logique que de parler de souffrance au travail ! Après des années de sensibilisation au désormais célèbre harcèlement moral, aujourd’hui impossible d’ignorer le phénomène du Burn out...
 France 2 consacrait sa dernière émission Infrarouge sur le sujet rappelant une loi méconnue du code du travail:

Chapitre Ier : Obligations de l'employeur.
L'employeur prend les mesures nécessaires pour assurer la sécurité et protéger la santé physique et mentale des travailleurs.
Ces mesures comprennent :
1° Des actions de prévention des risques professionnels et de la pénibilité au travail ;
2° Des actions d'information et de formation ;
3° La mise en place d'une organisation et de moyens adaptés.
L'employeur veille à l'adaptation de ces mesures pour tenir compte du changement des circonstances et tendre à l'amélioration des situations existantes.


Chapitre II : Obligations des travailleurs.
Conformément aux instructions qui lui sont données par l'employeur, dans les conditions prévues au règlement intérieur pour les entreprises tenues d'en élaborer un, il incombe à chaque travailleur de prendre soin, en fonction de sa formation et selon ses possibilités, de sa santé et de sa sécurité ainsi que de celles des autres personnes concernées par ses actes ou ses omissions au travail.

Des emplois du temps extensibles, des charges démultipliées, des objectifs surdimensionnés… forment la réalité écrasante qui définit un tableau à risques particulièrement répandu en France. Aujourd’hui le présentéisme au même titre que l’absentéisme constitue un symptôme qui doit alerter. Dans ce contexte si la reconnaissance du haut de la hiérarchie fait défaut au regard des efforts consentis de la part du salarié, l’effondrement guette…
“Nul n’est tenu à l’impossible” et “nul n’est irremplaçable” sont deux formules qui peuvent paraitre désuètes face au culte de la performance et au TTU (le Très Très Urgent) acoquinés chacun au leurre de la toute puissance mais elles peuvent pourtant aider à éviter de glisser hors de la réalité. Alors avant que le sentiment de dépréciation de soi ne parvienne à un gouffre béant insurmontable, pourquoi ne pas s’exercer au fameux gimmick américain:”SO what” pour appeler au lâcher prise.

La distinction entre l’ouvrage et l’oeuvre reprise par Fabrice Gerschel du livre d’Hannah Arendt “ Condition de l’homme moderne” a offert une transition inattendue pour aborder le documentaire d’Arte sur “Vivre avec Camus” et son fameux mythe de Sisyphe. Un bon moyen de retrouver force et distance face à l'absurde et de rappeler la part essentielle et noble du travail dans la réalisation de soi.